Il est toujours utile de se souvenir des combattant(e)s de la résistance française, en particulier de celles et de ceux  dont le nom s’est effacé avec le temps. C’est le cas de Pierre Milan, né à Limoges, il y a tout juste 100 ans, le 29 août 1924. Celui que l’on surnommait le « petit télé », parce qu’il portait à vélo les plis télégraphiques et les pneumatiques, avait intégré la Poste, après concours. Pupille de la Nation, vivant avec sa mère et sa sœur, rue Ranvier, dans le 11^e arrondissement de Paris, il s’était lié d’amitié avec Roger Hanlet, son copain de classe, qui habitait dans le même immeuble. Sportif, Pierre est adhérent de l’Union sportive ouvrière (USO) de son arrondissement, affiliée à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT). Dissoute en 1939, l’USO ne disparaît pas et continue de fonctionner avec des ex-membres du parti Communiste.
Entre octobre 1939 et août 1940, après avoir fait deux allers-retours Paris-Limoges, il rejoindra, en 1941, sur la proposition de son ami Roger Hanlet, un groupe clandestin communiste. Au départ, il s’agit de distribuer des tracts et des affichettes. Rapidement, les actions demandées par le parti Communiste deviennent plus dangereuses, comme les sabotages. Pierre Milan participera au sabotage d’un poste de repérage d’avions à Goussainville (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), à l’incendie d’un camion allemand, à la tentative d’incendie du garage Soga, dans le 17^e arrondissement de Parie et à deux tentatives de déraillement sur la ligne Paris-Strasbourg à Lagny (Seine-et-Marne) et près de la gare de Lagny. Après l’arrestation de son ami Roger Hanlet, le 30 octobre 1941, Pierre Milan est arrêté à son tour par la Brigade spéciale de la police judiciaire qui va trouver à son domicile un document accablant qui fait mention de slogans à écrire sur les murs de la Capitale, comme « Hoch Das Rote Armee » (Levez l’armée rouge) ou  « Vive l’Armée rouge ». Les sept des Bataillons de la jeunesse impliqués dans les sabotages, sont jugés du 5 au 7 mars 1942. Le Conseil militaire allemand sera sans pitié, leur attribuant 17 attentats. Ceux que les autorités allemandes appelaient des terroristes, sont condamnés à mort puis fusillés au Mont-Valérien, le 9 mars 1942. Le plus jeune, Pierre Milan, a 18 ans, le plus âgé…27 ! Tous les 7 seront décorés à titre posthume, le 9 mars 2000, de la Médaille militaire, de la Croix de guerre avec palme et de la Médaille de la Résistance. Ceux qui avaient connu Pierre, dit Pierrot, le décrivent comme un garçon discret et toujours de bonne humeur.